"Préserver la forêt et mieux la valoriser, connaitre la législation en vigueur et la respecter..." Ce sont quelques-unes des facettes d'une bonne gestion des coupes en forêt, évoquées par Jean Bacci, conseiller régional et Georges Roux, président de l'Union Régionale des Propriétaires Forestiers PACA, devant une vingtaine de personnes lors de la conférence du 21 mai 2016 à Sillans.
A l'origine de cette conférence, un problème soulevé par Aurore, une sillanaise dont le contrat avec un exploitant forestier
n'a pas été respecté. Aurore, propriétaire forestière, avait un contrat en bonne et due forme. "J'ai fait appel à un
exploitant forestier de la région, dont j'avais pu apprécier le travail sur une parcelle proche", raconte-t-elle, "pour couper des pins,
tout en précisant que je souhaitais conserver mes chênes. Mon contrat le spécifiait". Quatre jours plus tard, elle constate qu'il a effectué une coupe rase, pins et chênes, et a même
coupé chez le voisin, qui n'avait rien demandé. Pour aller chez un autre client, il va jusqu'à créer un énorme chemin de 10 mètres de large... Il continue, malgré ses protestations. "La police municipale est venue deux fois faire un constat. Puis la gendarmerie. Actuellement, l'affaire est en
justice".
Un évènement relayé par Catherine Steller, élue en charge de la gestion forestière, la
municipalité, et l'Association Sillanaise pour la Protection de l'Environnement. (voir "massacre à la
tronçonneuse")
UNE FILIERE BOIS D'OEUVRE
Vice-président délégué à la ruralité, et plus spécifiquement en charge de la forêt, J.Bacci a précisé la politique régionale qui se met en place aujourd'hui. "Notre priorité est de conserver la forêt, que nous souhaitons également mieux valoriser. Nous travaillons sur l'émergence d'une "filière bois d'oeuvre", qui va faire doubler, voire tripler les revenus".
Il prévoit l'instauration d'un "code de bonnes pratiques", qui apporterait à ceux qui le respectent des aides de la Région pour l'établissement d'un document de gestion durable, ou pour moderniser le matériel par exemple.
"Il faut éviter le gaspillage", souligne-t-il, "vendre le bois coupé et trié pour en tirer le meilleur parti...Laisser les rémanents au sol afin de favoriser sa régénération, mais uniquement le strict nécessaire".
Avec la récente implantation des centrales à biomasse de Gardanne et Brignoles, la forêt devient un extrême objet de convoitise. "Vous allez être fortement sollicités. Nous voulons accompagner les propriétaires pour qu'ils fassent leurs choix en toute connaissance de cause, sachant qu'à partir du moment où ils ont coupé, il faudra attendre 40 ou 50 ans pour une nouvelle vente..."
Enfin, J.Bacci insistait sur l'importance des syndicats, qui permettent une vision plus claire de la réglementation liée à la forêt : "vous êtes chez vous, mais vous ne pouvez pas faire ce que vous voulez".
UNE GESTION DURABLE INDISPENSABLE
La région PACA est la deuxième région forestière de France (48% de sa superficie), et la forêt varoise couvre 62% de la surface du département, dont 70% en domaine privé. Les propriétaires forestiers possèdent certes un bien propre, mais dont la gestion a des répercussions sur la bonne santé de notre environnement, donc sur la notre. "La forêt a trois fonctions", expliquait G.Roux : "la production, une fonction sociale et l'environnement". Et ces deux dernières concernent directement chacun d'entre nous : une gestion durable est indispensable.
DES DOCUMENTS OBLIGATOIRES
"Chaque propriétaire devrait rédiger un document de gestion durable", a répété à plusieurs reprises G.Roux. Un document obligatoire pour ceux qui possèdent plus de 25 ha. On en compte 1300 dans le Var. Autre papier incontournable : le contrat. "Que le bois soit vendu sur pied ou façonné, à une coopérative, un exploitant, un particulier, un industriel...le contrat est essentiel".
G.Roux constate que la forêt varoise est aujourd'hui sous-exploitée. "Pour causes, la qualité moyenne du peuplement, le relief accidenté, les difficultés d'accès, le morcellement de la propriété. 8% du bois part pour la pâte à papier à Tarascon, 6% en bois bûches, 1% en plaquettes forestières. Le bois d'oeuvre représente une quantité négligeable".
Aussi G.Roux travaille-t-il à la valorisation du pin d'Alep pour son utilisation en bois de charpente. Autre objectif du syndicat : des négociations avec la centrale à biomasse de Brignoles, Sylviana, pour obtenir une vente sans intermédiaire, du propriétaire à l'usine. "Sylviana vous paiera directement. C'est un bouleversement très important".
DES CENTRALES CONTESTEES
Les centrales à biomasse apparaissent comme un débouché intéressant. Certes, ce sont des partenaires locaux, qui ont besoin, entre Gardanne et Brignoles, de près d'un million de tonnes de bois par an. De nombreuses associations de défense de l'environnement dénoncent cependant leurs inconvénients :
Serge et Martine