Nous étions quatre sillannais, membres de la municipalité et/ou de l'Association Sillannaise pour la Protection de l'Environnement, pour cette découverte du Centre de tri et de valorisation
matières du Muy le 24 mai dernier. Construit en 2006, entré en fonctionnement en 2007, il est exploité par Valeor, filiale de Pizzorno Environnement, et
est triplement certifié : qualité, environnement et sécurité. Il dessert les deux tiers du département du Var, soit 800 000 habitants en basse saison, et le
double en saison touristique.C'est ici que sont triés nos déchets ramassés par la CAD.
Visite guidée avec le directeur de l'établissement, Pascal Delattre.
DES CENTRE DE TRI MOINS NOMBREUX, MAIS DE PLUS GRANDE CAPACITE
La première loi importante en France sur les déchets date du 15 juillet 1975: "... tout producteur de déchets est responsable du devenir de ses déchets ; les collectivités locales doivent organiser la collecte et le traitement des ordures ménagères de leurs habitants suivant des
règles établies par le législateur. Par ailleurs, cette loi interdit les "décharges brutes" ou "dépôts sauvages". (Réglementation déchets)
"Aujourd'hui", explique Pascal DELATTRE," le traitement des déchets s'accélère pour passer au niveau industriel, et 70% du travail est réalisé par des machines. Alors que
les petits centres d'hier traitaient 2 000 tonnes de
déchets par an, les plus modernes atteignent désormais une bonne rentabilité avec 30 000 tonnes par an, comme ici, sachant que notre capacité totale est de 50 000 tonnes. Et nous allons vers
une rationalisation
avec deux centres de tri par département". Dans le Var, il en existe un second à La Seyne/Mer, tenu par Véolia, qui dessert Toulon et les agglomérations proches. "A l'horizon 2025,
la France, qui compte 250
centres de tri, va en perdre une centaine. Ceux qui resteront auront une capacité de traitement de 30 000 à 40 000 tonnes, voire 60 000".
Si le Centre du Muy est privé (il appartient à Pizzorno), d'autres appartiennent aux collectivités. “Ils sont alors en régie, ce qui est de plus en plus rare, ou en Délégation de Service Public, comme à Grenoble”.
VALORISER LES DECHETS : UN APPORT FINANCIER
Le Centre de tri traite ce qui arrive aux Points d'Apport Volontaire ou en Porte A Porte : le verre, et ce qui est collecté dans les "poubelles jaunes". Soit papiers, cartons et emballages en plastique (bouteilles, flacons, briques alimentaires), barquettes en polystyrène, emballages souples... Ainsi que l'acier et l'aluminium. La modernisation permanente du Centre du Muy avec des machines de plus en plus perfectionnées, permet le traitement de déchets de plus en plus nombreux. Ainsi, en 2009, il signe un partenariat avec Nespresso, pour l'acquisition d'une machine permettant de récupérer l'aluminium des capsule de café."Cependant, il n'existe pas d'installation de valorisation qui ne génère pas de refus". A cause du tri qui laisse parfois à désirer faute de connaissances, ou manque de civilité. "Nous trouvons des pneus, des textiles, des cadavres d'animaux...Nous ne traitons pas de déchets dangereux, mais nous en recevons : piles, batteries, extincteurs, acides, déchets hospitaliers... Ils ne partent ni en enfouissement au Balençan (qui est sur le point de fermer), ni en incinération. Le centre paie pour les faire reprendre". Un tarif inclu dans le prix payé par les collectivités au Centre de tri. Car les collectivités demeurent propriétaires de leurs déchets, et paient une prestation à la tonne. "Plus le Centre est performant , moins il aura de refus. Plus il valorise les déchets, plus les collectivités auront de soutiens". En effet, CITEO (fusion d'Eco-emballages et d'Ecofolio) reverse aux collectivités des soutiens au pro-rata des tonnages valorisés.” Par exemple, l'an dernier, il s'agissait de 800 millions d'euros”. Le Centre du Muy ne génère que 7 à 8% de refus par an. "Un bon taux", souligne Pascal Delattre. "Pour un centre de tri classique, il faut compter 12 à 13% en général. A Grenoble, ce serait plutôt autour de 40%. Tout dépend aussi de l'habitat. Le tri est plus compliqué en ville, les gens manquent de place pour entreposer leurs déchets".
ECONOMIE CIRCULAIRE
La valorisation des déchets peut être énergétique, par incinération (il existe une usine d'incinération à Toulon), par ré-utilisation, dans les ressourceries (il
vient de s'en créer une à Villecroze), ou par valorisation de la matière, comme au Centre du Muy.
“Les entreprises adhérentes (comme Coca, Danone, Nestlé...) mettent leurs marchandises sur le marché. Elles sont achetées par le consommateur qui apporte ses déchets soit sous forme d'ordures
ménagères (qui seront
enfouies en décharge ou incinérées), soit sous forme de déchets recyclables”. Ces derniers arrivent au centre de tri d'où ils ressortiront en matériaux de diverses catégories, revendus
aux recycleurs pour leur redonner des formes, revendues à leur tour aux industriels.
TRI DES DECHETS AU CENTRE DU MUY
“Lorsqu'un camion-poubelle arrive, il déverse une partie de ses déchets dans 4 bacs de 650 litres”, explique Pascal Delattre. “Deux d'entre eux sont tirés au sort pour effectuer un
tri intégral et une pesée qui sont censés
représenter l'ensemble du chargement. Un logiciel permet de calculer ainsi le tonnage complet des marchandises, et ce qui reviendra à chaque collectivité.
Nous remplissons ainsi 2 objectifs : voir ce qui rentre, et sa qualité”.
Les déchets passent tout d'abord au pré-tri, où l'on retire tous les objets dangereux, ainsi que les gros objets, qui peuvent être valorisés mais gêneraient l'opération.
Vient ensuite la séparation granulométrique, où les objets sont récupérés à travers des mailles de différents calibres. “On sépare les “creux”, les contenants, des “plats”,
papiers et cartons”.
Puis le crible balistique qui s'effectue sur un plan incliné, affine la sélection : “les creux restent en bas, les plats montent”.
Les objets ferreux sont triés par l'overband, grâce à son aimant.
Le trieur optique, quant à lui, photographie les déchets, dont l'image est envoyée sur un ordinateur qui pilote une rampe d'éjection fonctionnant à air comprimé.“Les erreurs
sont rectifiées par le personnel”.
Papier, carton et plastiques finissent sous une presse à balles. “Ce sont des balles d'1 m3. Celles de papier-carton pèsent 1 tonne à 1,2 tonnes. Celles de plastiques, 400 kgs”.
QUE DEVIENNENT LES DECHETS TRIES ?
Papiers et cartons repartent en papèterie pour refaire du papier et du carton. “Mais on ne recycle le papier que 5 fois environ. Car la fibre se raccourcit au fur et
à mesure du recyclage, et il faut toujours, à un moment,
rajouter du bois. En France, 2 entreprises se chargent de ce travail : l'une à Rouen, l'autre à Epinal. Le cartonnier le plus proche se trouve dans la Drôme”.
L'acier part à Fos/Mer chez ArcelorMittal et l'aluminium à Compiègne chez Regeal Affimet. “Ces deux matériaux ont l'avantage d'être recyclables à
l'infini”.
Le petit aluminium, que le Centre de tri récupère depuis 2000, part en pyrolyse en Allemagne.
Séparés selon le groupe auquel ils appartiennent, les plastiques deviendront nouvelle bouteille, fibre pour tissu polaire, couette, oreiller, barquette, tuyaux de drainage... ou
serviront dans l'industrie automobile.
“Une société en Haute Loire, refait des sacs poubelle noirs avec les films plastiques”.
Les bois non traités, comme les palettes, seront broyés à Cabasse pour faire des plaquettes. “Le bois traité, comme le bois d'ameublement part dans
le Piemont italien où l'on en fait des particules pour IKEA”.
UN TIERS DU PERSONNEL EN INSERTION
Le centre du Muy emploie 70 personnes, un chiffre qui monte jusqu'à 100 en haute saison, dont 35% en insertion. “Ils ont une formation théorique d'un mois au départ, puis travaillent deux mois sur la chaîne de tri. Les plus méritants obtiennent un CDD. Ils commencent comme agent de tri au SMIC, en cabine, puis au sol. Ils seront conducteurs d'engins, responsables d'équipe...et verront leur salaire augmenter en conséquence”.
De nombreux industriels travaillent pour rendre leurs produits recyclables, l'idéal étant la suppression de la plupart des emballages... En attendant, une visite au Centre du Muy permet de mieux se rendre compte de l'importance du tri, tant d'un point de vue écologique, qu'économique.