Originaire d'Italie, la figue planche de Salernes est plantée au Moyen-Age, autour du château féodal en pleine reconstruction. Dès lors, elle a un succès grandissant. Reconnue officiellement en 1820 comme une variété à part entière, différente de celle de Marseille, elle va connaitre un "grand boum" en 1945, avec la création de la Coopérative confiturerie et confiserie du Haut Var. "A cette époque, 100 tonnes de figues sont récoltées, rien que sur la commune de Salernes", explique Suzanne Lerda, de l'association "Lou Figoun". Mais en 1950, la chaudière explose. La coopérative est contrainte de fermer ses portes... "Lou Figoun" oeuvre depuis 2002 pour la sauvegarde et la relance de cette figue, emblématique de Salernes.
LE TRIANGLE D'OR DE LA FIGUE
A partie de la Phénicie et via la Grèce, la figue parvient à Marseille au 6ème siècle avant J.C.. "Les romains généralisent sa plantation au fur et à mesure de leur progression en Provence. Les figues sèches sont alors le principal constituant de la ration du centurion. La figue de Salernes, quant à elle, est apportée d'Italie par Boniface IV, à l'occasion d'une campagne militaire contre Charles d'Anjou, et plantée autour du château médiéval, en pleine reconstruction".
A Salernes, tout se prête à la culture de la figue : l'abondance de l'eau, et le terrain argilo-calcaire. Et dès les alentours du XVème siècle, la figue est récoltée en quantité suffisante pour être exportée, essentiellement vers Apt.
"La famille De Castellane exploite elle-même la figue : séchée, cuite et confite. A travers différentes unions seigneuriales, la figue apparait à Entrecasteaux, puis à Cotignac. "Si bien qu'à une certaine époque, on parle du "triangle d'or de la figue".
Quand la Provence est rattachée à la couronne de France, les expéditions de figues sèches et confites s'étendent à l'ensemble du pays, et "lorsque Louis XIV vient à Cotignac en 1660, il demande l'envoi de caissettes de figues à la cour, ainsi que de plants qui seront repiqués au jardin de Versailles.
En 1820, la figue blanche de Salernes est reconnue comme une variété à part entière, différente de celle de Marseille."
Puis la construction de la ligne de chemin de fer offre de nouveaux débouchés. "Et en 1945, le maire de Salernes inaugure "La Société Coopérative Confiturerie et Confiserie du Haut Var". Cent tonnes de figues sont alors récoltées, rien que sur la commune".
Mais en 1950, la chaudière explose, faute d'un entretien suffisant. Les fonds manquent pour la réparer. 73 tonnes de figons sont perdues. La coopérative ferme ses portes.
"Le marché existe toujours : Apt, Avignon, Clermont Ferrand. Mais les salernois ne sont plus maitres de la situation, et dépendent d'intermédiaires qui prennent des marges considérables". Les agriculteurs se tournent alors vers l'olivier et la vigne. Les vergers de figuiers sont délaissés.
LA RELANCE
C'est en 2002 que Nathalie Pomero, petite fille d'agriculteurs, monte une association afin de négocier le prix de la figue directement avec les confiseurs. A ce jour, "Lou Figoun" regroupe une vingtaine de coopérateurs, et commercialise de 12 à 17 tonnes de figons par saison.
"L'association collecte les fruits, mais s'est aussi donné pour but la sauvegarde de cette variété dans le bassin de Salernes, la facilitation de sa commercialisation, et la remise de la figue au goût du jour, y compris dans les restaurants".
LA FIGUE BLANCHE DE SALERNES
La figue a une croissance asses rapide, et peut produire 50 à 60 kilos de fruits dans les dix ans.
Figues blanches, figues noires : il existe 800 espèces variétales en France.
"La cueillette s'effectue de mi-août à mi-septembre, et nous ressemblons alors à des épouvantails, avec gants, chapeaux, foulards, manches longues...
car le lait ou latex, qui s'écoule du pédoncule coupé, est irritant pour la peau, ainsi que le frottement des feuilles. Ils peuvent aller jusqu'à y provoquer des crevasses".
La figue de Salernes est utilisée essentiellement pour la transformation : en fruit confit glacé, en figon confit, en confiture, en sirop, en figue séchée, en nougat.
Les produits de "Lou Figoun" sont en vente à Salernes : à l'épicerie fine "Les gourmets de Salernes", et chez le traiteur "La cuisine des halles", cours Théodore Bouge".