2019

BALADE GOURMANDE en descendant vers la cascade

une quinzaine de personnes pour cette balade à la découverte des plantes comestibles (photo Gaby)
une quinzaine de personnes pour cette balade à la découverte des plantes comestibles (photo Gaby)

Habitués à nous nourrir des produits de l'agriculture, bien peu d'entre nous  sont capables de trouver de quoi s'alimenter dans la nature. Identifier les plantes,  connaître leurs propriétés, leurs vertus et leurs dangers... C'est tout un programme   ! Certes, une matinée n'est pas suffisante pour y accéder, mais avec Marjorie Ughetto, notre guide naturaliste, nous avons découvert quelques-uns de leurs secrets lors d'une balade gourmande organisée par l'ASPE, fin avril 2019. Une quinzaine de randonneurs étaient au rendez-vous à la Maison des Associations de Sillans pour un petit déjeuner offert, «maison et bio», avant cette balade axée sur les plantes comestibles, aux alentours de la cascade, sur cet espace protégé.
Voici un aperçu des commentaires ou observations effectuées depuis le village, à pied.

le micocoulier (photo M.Forgeot)
le micocoulier (photo M.Forgeot)
il reste encore quelques fruits...(photo M.Forgeot)
il reste encore quelques fruits...(photo M.Forgeot)

 Nous avons pris le départ sous le micocoulier. "Un arbre de la famille du cannabis, un Celtis australis", précise Marjorie qui ajoute en désignant les quelques petits fruits noirs demeurés secs sur l'arbre : "c'était l'arbre à chapelet des provençaux, cet arbre à fourches, mais ses micocoules sont aussi comestibles. "

L'OLIVERAIE  UNE PRAIRIE SECHE

les déchets verts broyés au pied des arbres, un bon compost(photo s&m)
les déchets verts broyés au pied des arbres, un bon compost(photo s&m)

Et nous prenons la direction de l'oliveraie municipale, où quelques oliviers ont été récemment taillés et les déchets verts broyés. Marjorie ne rate pas l’occasion de nous rappeler la réglementation sur le brûlage des déchets végétaux. Elle rappelle l’importance de les recycler mais nous informe que si nous avons l’autorisation de brûler des déchets verts alors : « les faire sécher avant de les brûler ; car -selon les végétaux- les substances chimiques qu’ils ont synthétisées comme les huiles, les huiles essentielles, l’eau des sèves, les pigments, auront le temps d’être éliminés par évaporation ou par les pluies  !  Brûler des déchets verts frais, c’est cramer des huiles végétales, des huiles essentielles, des pigments et c’est tout cela qui est hyper polluant …une pollution locale terrible.  »

Cette prairie sèche, uniquement entretenue par broyage et pâturage, comprend une quantité impressionnante de plantes, dont une discrète, la piloselle oreille de souris, très poilue avec ses nombreuses soies. Il faut se pencher et regarder de près pour la découvrir à ras du sol, étalée en rosette. "Elle est de la famille du pissenlit, comestible cuite afin que ses soies fondent, et possède des propriétés diurétiques, anti-infectieuses... Elle était utilisée jadis pour traiter la brucellose. Ses fleurs sont jaunes …".

 

la piloselle (photo M.Forgeot)
la piloselle (photo M.Forgeot)
ne dirait-on pas une oreille de souris ? (photoM.Forgeot)
ne dirait-on pas une oreille de souris ? (photoM.Forgeot)

Et là, se faufilant dans l'herbe, une guêpe. “Elle fait partie des hyménoptères, une famille d'insectes dont les larves n'ont pas de pattes. Selon l’espèce de guêpe (6000 sortes en France), elle capture des proies – araignées, criquets...-, les paralyse et les emporte dans son nid où elle pond un œuf dessus ou dedans. La future larve a ainsi des réserves ! ” Marjorie insiste sur le rôle des insectes prédateurs  : “90% des insectes mangent des insectes… mais les pesticides les tuent aussi  ! Un comble  ! Et la plupart des guêpes adultes se nourrissent de nectar donc pollinisent …”.

l'ophrys provincialis (photoGaby)
l'ophrys provincialis (photoGaby)
le sphex qui nourrit ses larves avec ses proies(photo s&m)
le sphex qui nourrit ses larves avec ses proies(photo s&m)
le ciste blanc ou cotonneux (photo s&m)
le ciste blanc ou cotonneux (photo s&m)

Quelques orchidées ont poussé dans la prairie, malgré un hiver chaud –mars 2019- qui a entrainé une sécheresse du sol en surface impropre à une production végétale et une brûlure de toutes les rosettes présentes ici (le bout des feuilles est devenu noir). Ce sont des Ophrys provincialis.
Le ciste blanc (dit cotonneux), est aussi en fleur. Arbrisseau au feuillage persistant, il exhibe son cœur jaune entouré de pétales roses et chiffonnés. “On le nomme aussi dans le Vaucluse estende pedhas, car les lavandières y étendaient les langes (pedhas) des bébés après la lessive … car son feuillage est duveteux. Marjorie nomme les 5 espèces de cistes présents dans le Var. “Celui-ci, on peut faire des décoctions calmantes de ses feuilles fraiches. “

LE PAYS DES LIANES

le grémil bleu, apparenté à la bourrache (photo Jacques)
le grémil bleu, apparenté à la bourrache (photo Jacques)

Nous avons quitté l'oliveraie pour suivre le sentier à l'ombre des arbres, brusquement éclairé par de petites étoiles bleues au sommet de tiges légèrement velues. C'est le grémil bleu, un lithospermum, apparenté à la bourrache. “C'est l'une des rares plantes à faire des œufs, ou des perles. Sa graine se trouve dans une enveloppe de calcaire, dissoute par les pluies chaudes de printemps. Une plante couvrante, sans entretien, dont les fleurs peuvent se déguster en salade”.

 

Plus loin, nous nous attardons devant l’alliaire à saveur aillée et un jeune garçon a beaucoup aimé la goûter   – d’ailleurs il a dégusté toutes les plantes sauvages et comestibles présentées : « L’alliaire ressemble à une monnaie du pape – la lunaire- elle a des feuilles en forme de cœur et des petites fleurs en forme de croix (mais blanches) en haut de longues tiges. Elle est classée dans la famille des brassicacées, tels les choux”.

La chênaie est bien présente, accompagnée par de multiples lianes   : L’asperge épineuse, la ronce, le lierre, l'églantier, la clématite brûlante, le tamier commun, la salsepareille d’Europe et les garances.

la salsepareille aux fruits TOXIQUES (photo s&m)
la salsepareille aux fruits TOXIQUES (photo s&m)
la garance voyageuse (photo s&m)
la garance voyageuse (photo s&m)
fleur d'églantier (photo s&m)
fleur d'églantier (photo s&m)

La salsepareille, très grande liane aux feuilles épineuses en forme de cœur. Ses grappes de fruits,  de petites billes rouges et brillantes, nourrissent de nombreux oiseaux , sont TOXIQUES pour nous : DANGER,  hormis ses fleurs.   La garance voyageuse possède, elle, de minuscules crochets qui lui permettent de pérégriner vers le haut de la canopée. Le lierre a son cycle de développement décalé par rapport à de nombreux arbres …

Nous voyons aussi le laurier noble, le troène, le fusain d’Europe et le rouvet blanc, ce fameux Osyris alba …

 

En sortant du sous-bois, face à un cognassier en fleurs, nous découvrons la vipérine Echium vulgare, pas encore fleurie. “La rosette et les jeunes feuilles sont comestibles cuites, en épinards. On peut aussi faire un pesto de vipérine”.

 

UNE PRAIRIE RICHE EN BIODIVERSITE

"une prairie remarquable par sa biodiversité", explique Marjorie (photo Gaby)
"une prairie remarquable par sa biodiversité", explique Marjorie (photo Gaby)

Face à nous sur la gauche, s'étend la prairie humide fleurie. Ici, la nappe phréatique est très proche. “Il s'agit d'une prairie remarquable en Provence par sa richesse en biodiversité   : papillons, abeilles sauvages, fougères rares et orchidées en Protection Nationale comme l’Orchidée à fleurs lâches vivent ici ”, note Marjorie qui reprend : “ le record dans le Var en ce domaine, est détenu par le territoire de la Plaine des Maures, où l'on compte une centaine d'espèces différentes sur une superficie d'1m2”. Devant nous, les bugles rampantes aux fleurs bleues se mêlent aux narcisses sur un tapis de pâquerettes. “Avec ses dernières, il est facile de faire comme des câpres sauvages. Il faut les cueillir en boutons, les laver, et les faire blanchir 2 minutes avec un demi-verre de vinaigre blanc, et un demi-verre d'eau et y rajouter des plantes aromatiques. Attendre que le tout refroidisse et verser dans un petit bocal et compléter avec huile d’olive et hop ! au frigidaire en attendant des convives.

le narcisse abondant ici au printemps (photo s&m)
le narcisse abondant ici au printemps (photo s&m)
un tapis de pâquerettes (photo s&m)
un tapis de pâquerettes (photo s&m)
bugle rampante (photo Jacques)
bugle rampante (photo Jacques)

Tout en continuant, nous découvrons au bord du chemin, un petit soleil lumineux. C'est la ficaire ou fausse renoncule, aux feuilles en forme de cœur. “Une plante toxique”. Ce secteur humide et ombragée abrite des fleurs jaunes aussi mais aux pétales soudées en tube   : "la consoude qu'il n'est pas conseillé de consommer, car elle est hépatotoxique d’apres des études scientifiques récentes".

la ficaire, toxique (photo s&m)
la ficaire, toxique (photo s&m)
la fausse roquette (photo s&m)
la fausse roquette (photo s&m)
le lamier maculé (photo s&m)
le lamier maculé (photo s&m)

 

Aux alentours de la cascade, le lamier maculé fleurit le sous-bois. Sa silhouette n'est pas sans rappeler celle de l'ortie. Elle a une jolie floraison rose pourpre. Et plus bas, la floraison blanche de la fausse roquette illumine le talus. Une plante abondante dans le sud de la France, compagne de la vigne et de l'olivier. “Elle fleurit tout au long de l'année, même en hiver. On peut consommer fleurs et jeunes pousses en salade …” 

 

AU BELVEDERE

le saut de la Bresque (photo M.Forgeot))
le saut de la Bresque (photo M.Forgeot))
fleurs d'amélanchier (photo s&m)
fleurs d'amélanchier (photo s&m)
le romarin (photo s&m)
le romarin (photo s&m)

 

Une petite grimpette jusqu'au belvédère -où les amélanchiers sont en fleurs- nous permet d'admirer la cascade : la Bresque effectue ici un saut spectaculaire de plus de 40 mètres, et nous regrettons un peu que les pluies n'aient pas été plus abondantes ces derniers temps.

 De nombreux buissons de romarin officinal aux petites fleurs bleues comestibles exhalent leur parfum caractéristique, et nous examinons ses feuilles étroites, bi-colores, et en gouttière. “Son huile essentielle est bactéricide comme toutes les huiles essentielles. Mais certaines sont toxiques. Dans la nature, si vous pique-niquez près de romarins  : mâchonnez ensuite une feuille pendant quelques secondes, cela remplace aisément un brossage de dents avec dentifrice !”

VERS LE MUR DE LA MARQUISE

 

Nous prenons le chemin du retour, non sans dénicher le silène enflé, encore nommé claquet ou pétarel … Mais ici, il n'est pas encore en fleurs. “Par contre, ses feuilles sont comestibles crues, avant la floraison”. Et nous nous accordons à leur trouver une délicieuse saveur de petit pois.

 L'orme champêtre, dont les fleurs apparaissent avant les feuilles, dresse sa haute silhouette au bord du sentier, et il arbore encore "quelques fruits ailés semblables à de minuscules soucoupes volantes”, précise Marjorie, “ce qui facilite la dissémination par le vent”.

le silène enflé (photo s&m)
le silène enflé (photo s&m)
les fruits ailés de l'orme (photo M.Forgeot)
les fruits ailés de l'orme (photo M.Forgeot)

le réséda jaune, comestible, pousse sur le mur (photo s&m)
le réséda jaune, comestible, pousse sur le mur (photo s&m)

 

Nous parvenons bientôt à hauteur du mur de tuf, qui bordait autrefois les jardins de la marquise de Castellane. Là, un petit papillon butine les fleurs en vol stationnaire : “un sphinx gazé, cousin du moro-sphinx”. Entre les pierres sèches ont poussé une multitude de plantes  :réséda jaune, laiteron, fumeterre grimpante, orpin blanc ou sedum blanc, aux feuilles rondes dans la famille des crassulacées. “C'est une plante chameau, dont les tissus charnus sont gorgés d'eau. On peut le consommer en beignets. Mais ce qui est important c’est que cet être vivant est capable d’anticiper un manque d’eau  : quand il y en a, les orpins l’emmagasine  : chaque feuille est une citerne”.

 

l'orpin blanc, la plante chameau (photo M.Forgeot)
l'orpin blanc, la plante chameau (photo M.Forgeot)
la fumeterre officinale (photo Jacques)
la fumeterre officinale (photo Jacques)

 

Dernière petite halte à l'ombre de deux imposants platanes, où Marjorie nous propose de nous pencher sur la génétique des espèces végétales et sur la sélection de platanes résistants aux différents chancres. Retour au village afin de partager un rafraichissement.

 

 

MARJORIE

Guide naturaliste, Marjorie Ughetto propose tout au long de l'année des balades provençales, mais aussi des sorties scolaires, des séjours nature et culture, des conférences... Ces sont “d'autres regards” qu'elle porte sur notre environnement, considéré sous l'angle de l'agro-écologie, une démarche scientifique qui étudie la biologie pour en dégager une gestion de l'environnement et une pratique de l'agriculture, en phase avec les lois de la vie.

 

OPIE activités suspendues

sotie printemps OPIE photo Eric Renoult
sotie printemps OPIE photo Eric Renoult